Avertissement.

Chers lecteurs, parfois les textes se jouent des ordres que je voudrais pourtant leur donner et s'affichent dans des tailles variables, à leur gré. Je ne prétendrais pas exceller dans le print mais c'est moins catastrophique que dans le numérique!!!

dimanche 21 septembre 2014

Une bergère qui s'appelait Dolly...




Mezzotinto à la poupée.

C’est pourtant en anglais qu’il faut entendre cette proposition et avec le délicieux accent du maître graveur qui m’a éclairé quant à cette drôle de manière noire : Dr Anthony Dyson, éminent spécialiste de la chose dont il enseigna l’art outre-Manche. Il faut aussi vous dire combien son français est excellent ; il a un point de chute depuis quelques années dans nos provinces qui m’a valu de le rencontrer par l’intermédiaire de Mami’stigri, sa voisine à qui il a offert la planche sujet de la présente étude. Mais c’est en anglais – et le mien est bien moins fameux – que nous avons échangé. Aussi, j’ai mieux compris les tenants et aboutissants de la technique qui nous intéresse dans des termes anglo-saxons en l’observant sur une impression produite au début du XXe siècle en Angleterre et me documentant en conséquence depuis des sources anglaises et américaines. Etant particulièrement novice dans ce secteur, j’ai trouvé des entrées très accessibles et suffisamment nombreuses sur les procédés d’impressions au XIXe siècle et auparavant dans des articles et catalogues américains notamment. Ce  sont ensuite ajoutées à ces premières ressources les publications de recherches qu’Anthony Dyson m’a fait parvenir avec une générosité qui distingue encore un authentique gentleman.

Mes petites Politiques


 

Toute première fois

Un beau jour de mai, alors qu’une mission m’appelait Rue Madame dans un petit lycée portant le nom du père de la classification promue par l’ATypI depuis 1962 et pour y évaluer quelques candidats aspirant au baccalauréat technologique option design et arts appliqués, je fus happé par les sirènes d’un salon qui se tenait au bout de la rue, sur le parvis de Saint-Sulpice. C’était un meeting de libraires spécialisés dans les vieilleries qui sont le sel des bibliophiles. Des allées entières pleines de vieux bouquins précieux pour lesquels naissait en moi une certaine tendresse encore ingénue mais déjà enivrante. Mes premiers émois avec le livre vieux étaient assez récents. Outre les pages vues dans ces autres livres qui les racontent ou encore de belles expositions démembrant parfois d’ancestraux cahiers, j’avais poussé la porte de quelques boutiques ici et là au cours de mes dernières promenades pour les toucher de mes mains (les vieux livres). Notamment la respectable maison Jammes à Saint-Germain-des-Prés – sans doute le quartier le plus indiqué en saison régulière – et d’y découvrir les Métamorphoses d’Ovide en trois volumes par De Colines autour de 1525. C’était beau1. Tenir cette belle chose permet de comprendre un peu mieux encore les techniques, autant que de voir figer du plomb dans une matrice. C’est émouvant. Aussi, j’avais dans l’idée d’en acquérir un quand l’occasion se présenterait pour mieux observer le papier foulé par la frappe typographique et enrichir ma collection de trésors qui, mieux que les diapos peuvent sensibiliser mes étudiants. J’en eu donc l’occasion. Non pas qu’elle était exceptionnelle – il est assez facile de s’offrir de très belles choses en succombant au premier appel dans les rues de Saint-Germain-des-Prés – mais le petit objet qui devait être mon premier était à un prix suffisamment raisonnable pour que je puisse m’en porter acquéreur sans trop entamer le budget du foyer.

Ayant abandonné avec leur bénédiction mes collègues, j’errais dans les allées du salon sur ma pause déjeuner. Je rêvais d’un livre du XVIè siècle. J’avoue qu’en grand débutant devant des dizaines de volumes présentés parfois en vrac chez les exposants, je me concentrais sur les dos les plus sobres, les reliures en parchemin réputées les plus anciennes – quand souvent d’ailleurs les livres ont été reliés de cuir des dizaines d’années après ! Je regardais les plus petits, à hauteur de ma bourse. Je tirai finalement celui-ci. Ce n’est pas seulement que la date était en chiffres arabes – ce qui est plus évident pour un grand paresseux que je suis – mais la mention « Plantiniana » provoqua quelque montée d’adrénaline de celle du consommateur compulsif qui sent poindre la moiteur disqualifiante dans la perspective de négocier. Ce que je ne fis pas. Etant aussi doué en latin qu’en grec, c'est-à-dire assez nul, l’indice me parlait tout de même et après quelques détours de celui-qui-va-réfléchir pour se distancier et regagner en dignité devant le vendeur, je l’achetai.

J’étais l’heureux propriétaire d’un petit in16 de chez Plantin de 1615. Le titre m’importait peu. D’ailleurs, je ne devais même pas le lire...