Avertissement.

Chers lecteurs, parfois les textes se jouent des ordres que je voudrais pourtant leur donner et s'affichent dans des tailles variables, à leur gré. Je ne prétendrais pas exceller dans le print mais c'est moins catastrophique que dans le numérique!!!

jeudi 18 juin 2015

Un sacré teasing!!!




Je l’évoquais précédemment comme un projet encore flou mais pour l’avoir découvert ce week-end, il apparait dorénavant comme une aventure formidable et une superbe perspective culturelle dans la région, et bien au-delà…
 


 
… Bien au-delà car le futur musée Artegraf pourra se targuer de présenter la plus importante collection de presses d’imprimerie et autres équipements des métiers du livre d’Europe ! En effet, le fonds est constitué de la collection Pozzoli augmenté d’une vingtaine de machines acquises par M. Maury ou apportées par l’association Format Typographique de Saran ; soient 160 presses en tous genres, depuis les premiers modèles à un coup jusqu’aux groupes offset – le numérique devrait compléter encore cette représentation me confiait Jean-Paul Maury, président du fameux groupe et initiateur du projet, ce samedi.
 
 
Aussi, on pourra bientôt découvrir à Malesherbes toute l’histoire de l’imprimerie ; la typo bien entendu mais encore la litho vers l’offset, puis le papier et la reliure qui seront l’objet d’ateliers vivants car c’est aussi l’une des prétentions du lieu que de mettre en musique et faire chanter ce patrimoine industriel.  Certaines machines seront mises sous tension pour mieux révéler leurs mécaniques et expliciter les techniques et moments clefs de l’évolution du produit imprimé. D’ailleurs, à propos de produit imprimé, M. Maury consacrera un espace aux « choses » imprimées pour dépasser les seuls produits attendus de l’édition et élargir aux façons et supports plus originaux mais non moins familiers des objets, contenants, aux designs imprimés en tous genres et qui peuplent le quotidien.
 
 
Une Typograph (sans le ‘e’). Quasi contemporaine de la Linotype, cette composeuse fond des lignes blocs depuis des matrices qui glissent sur de longues tiges métalliques appelées par le clavier. Le modèle ‘Duplex’, au début du siècle dernier proposait cinq alphabets chargés dans la machine.

Mais avant de trop décrire ce beau chantier comme futur sanctuaire de l’imprimerie, il s’agirait de ne pas oublier parmi les partenaires de l’aventure Artegraf, dont les locaux communiquent au sein du lieu. L’association saura participer au relais des savoirs – c’est bien là sa vocation initiale comme sa richesse – dans un registre plus artistique ; on y pratique librement la gravure taille-douce, relief et/ou litho mais aussi la composition typographique autour de projet de micro-éditions d’art et des résidences d’artistes associés.
 
 

Le produit d’une animation/démo’ proposée par la troupe d’Artegraf pour les enfants. Imprimé en typo et lino sur une presse à épreuve. (Design de message ©Gabrielle, 2015.) 


 
Un autre acteur, et pas des moindres, est l’association Format Typographique – à laquelle je souscris depuis peu  comme un privilège et pour mon plus grand bonheur. Les deux compères Frédéric Tachot et Jean-Paul Deschamps assuraient ce week-end le spectacle – sans oublier au passage les autres animateurs engagés et que je salue au passage (merci Didier et bravo!). Je l’évoquais plus haut, certaines machines ont quitté Saran pour rejoindre Malesherbes et compléter le fonds. Il s’agit essentiellement des composeuses fondeuses Lino’ et Monotype. Les deux maîtres avaient aussi pris avec eux le moule à main pour illustrer le premier geste fondateur de toute cette histoire. Sans revenir sur le joyeux boucan que sont capables d’envoyer ces deux-là et qui couvre les décibels d’une fondeuse en marche, leur science (comme le dit Fertel) est, je pense, un pilier essentiel du projet – en rendant bien à M. Maury les premiers mérites qui lui reviennent bien entendu.
 
 
Une bande de code ramassée au passage.
Trop excité au clavier de la Monotype, je n’ai pas pris toutes les images nécessaires à une bonne présentation de la dite machine. Mais j’ai pu taper une ligne jusqu’à la sonnette qui alerte de la fin toute proche de la justification. Le curseur sur le cylindre de calcul indique alors une combinaison de chiffres à saisir pour ajuster les blancs et justifier la ligne au bloc. La bande perforée témoin de cette saisie est ensuite chargée dans la fondeuse qui va interpréter les deux trous par signe comme une abscisse et une ordonnée et déplacer la matrice à telle adresse dessous l’injecteur pour la fonte du caractère requis. Dis comme ça, ce n’est peut-être pas très clair ; il faut voir cette mécanique à air comprimé s’animer pour en saisir aisément le principe. Les animateurs de Formats Typo’ ont souvent fait cette démonstration notamment dans un Dvd, qu’on peut se procurer et dont un aperçu est visible à l’adresse suivante : http://edition-klaus-raasch.de/ , onglet ‘aktuelles’, 2è article…
On notera au passage que les Monotypes apportées par Format Typo’ ont séjourné d’abord à l’école Estienne avant de rejoindre les caves du lycée A.-Malraux à Montereau sans avoir jamais servi en ces lieux !!! Elles fournissent depuis les fontes utiles notamment au Leg, et sont les dernières à pouvoir le faire.
 
 
La 'Mono' côtés compo et fonderie; les deux parties ressortaient de deux métiers distincts dont les ouvriers pouvaient se snober cordialement... On peut voir la bande de code (bobine bleue chargée au desssus du clavier et à gauche au dessus de la fondeuse.)
 
En effet, leur connaissance de la typographie – qu’on ne saurait distinguer de l’imprimerie avant que Moxon ou Fournier ne le permettent, et encore théoriquement –, peut seule fonder une juste et complète représentation de l’objet du musée. C’est ensuite une affaire de goût sans doute qui me fait préférer l’émotion du plomb qui mijotent dans les creusets des Lino’ et Monotype pour sortir des lignes ou des types seuls depuis les ordres d’une bande perforée aux bielles et autres cames rutilantes des grosses bêtes à feuilles ou à bobines non moins spectaculaires. C’est mon obsession qui me reprend…

Pourtant, elles sont séduisantes ces autres presses. Si je m’intéressais tout particulièrement aux pédalettes de type Minerve – pour avoir la chance de bientôt en restaurer une – je ne saurais bouder mon plaisir devant l’une des stars de la collection, la ‘Marie Stuart’, reine écossaise de fabrication anglaise mais pourtant américaine (Goss) qui roulait encore il y a peu un quotidien ( ?) quelque part entre Glasgow et Édimbourg. Celle-ci devrait elle aussi être animée à l’ouverture du musée ; plus excitant encore !
 
 
La grande et belle 'Marie Stuart' posée sur ses IPN...
 

Bon, reste à attendre 2 ans pour voir ce superbe lieu ouvrir complètement. En l’état, et si les machines sont à peu près en place, manque la scénographie et tout l’habillage muséal qui distinguera des pôles pour un parcours pédagogique. Sans doute avant ça peut-on compter sur de nouvelles portes ouvertes à l’occasion du festival « Joueurs de mots » l’année prochaine à Malesherbes. L’association Artegraf, elle, fonctionne de manière autonome et se laisse sans doute découvrir à l’occasion comme l’atelier de Format Typographique du côté d’Orléans…

Je me régale, moi, déjà du réseau qui m’apparait et que je conjugue aux autres artisans de la typo ici et là, dans l’Yonne par exemple ; à la maison de l’imprimerie de Rebais (nord 77) où pédalettes et composeuse Intertype fonctionnent. Une carte se dessine et qui m’encourage dans mon projet amateur mais riche de sens et au combien redevable de toutes ces formidables ressources.
 
 

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