Il y a pas mal d’années maintenant, je devais avoir 18-20
ans, dans les allées de la Fête de l’Huma je m’arrêtais pour obtenir une petite
dédicace de quelques dessinateurs présents, habitués des marges de l’Huma
Dimanche. Il y avait Luz et puis Charb. À la chaine, ils croquaient autours du
thème de la boue – celle qui se mélangeait à la paille et qui nous faisait
parfois regretter l’atroce poussière des éditions les plus sèches. Je ne retrouve pas mes
dessins, ça m’ennuie. Peu importe. On n’est plus dans la boue. On n’est même
plus dans la merde. On n’a plus rien sous nous ; le sol se dérobe. Avec lui les fondements de la liberté. C’est
même pas mon seul attachement à la devise qui flotte à l’entrée du sanctuaire
de l’éducation dont je suis l’un des serviteurs. Je suis choqué. Bouleversé.
Cabu, Wolinski, Tignous, Charb, ceux dont je ne connais pas
le nom et qui servaient aussi des valeurs communes.
Je suis Charlie.
Charlie Hebdo N° 1177, 7 janvier 2015. p.7
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