Avertissement.

Chers lecteurs, parfois les textes se jouent des ordres que je voudrais pourtant leur donner et s'affichent dans des tailles variables, à leur gré. Je ne prétendrais pas exceller dans le print mais c'est moins catastrophique que dans le numérique!!!

L'auteur, sa vie, son oeuvre.



 
Ma vie ne regardant que moi et mon œuvre n’étant pas plus remarquable, je parlerai plutôt de mon parcours.
 

Quand j’étais petit, je voulais faire Estienne.
 

Certes, c’est un raccourci. Pourtant, des amis de la famille, relieurs et brocheurs me conduisirent très tôt dans la belle maison du Boulevard Auguste Blanqui. Tout jeune lycéen, je n’eus alors que cet objectif en ligne de mire. J’y parvins après mon bachot série littéraire. L’aventure ne devait pas me conduire très loin. En effet, tout ignorant que j’étais des enjeux graves du design graphique, je voulais simplement « faire des images », naïvement. Aussi, le vocabulaire de la communication visuelle, dans ses atours les plus sémiologiques et dispensé de surcroit par quelques spécialistes dont je ne perçus le talent que des années plus tard m’échappa et refroidit mes timides ardeurs.

Je devais rebondir à Duperré, comme « plasticien de l’environnement architectural », le seul BTS que je demandai, essentiellement pour son nom très sympa. Ce furent de très belles années. Je transformai cet épisode avec un diplôme supérieur sous l’enseigne de l’ENSAAMA, rue Olivier de Serres. Cependant, la perspective de projeter des cloisons isolantes sur Autocad à raison de 50 heures par semaine (au bas mot) en concurrence avec de malheureux lauréats DPLG sans autre emploi ne m’excitait guère. Je songeai rapidement à l’enseignement – ma maman était institutrice, comment y échapper ? Tout juste diplômé en architecture intérieure et environnement, je rejoignis feu l’IUFM. Ce n’était pas tant par défaut qu’animé par un goût du partage déjà conscient et l’idée aussi de rester au contact des différents domaines des arts appliqués tant il avait été frustrant de ne pas pouvoir les goûter tous.

Je commençai PLP puis rapidement je glissai sur la voie technologique, en STI arts appliqués. C’est sans doute là que ça a commencé…

La grande loterie des affectations me conduisit alors au lycée Cotton à Montreuil. Cette même année, je pus jouir d’un programme de formation assez soutenu à l’extérieur. Dans ces deux cadres je rencontrai des nouveaux collègues particulièrement avertis des choses du graphisme et de la typographie. Et ça tombait bien ; on m’avait confié des heures auprès de BTS Communication Visuelle et aussi des BT Dessinateur Maquettiste à qui je devais apprendre la justification, le calibrage, l’imposition et autres dimensions du métier de graphiste en exécution fussent-elles alors franchement obsolètes.

Mais je n’étais pas tout-à-fait vierge.  Ces mêmes amis de mes parents qui m’avaient emmené à Estienne m’embauchaient souvent l’été comme manut’ dans l’atelier de reliure à Cachan. Comme autre petit boulot, j’avais été assistant en photogravure. Cette occupation estivale m’apprit à monter puis gouacher des films, réaliser des épreuves en Ozalid, en Cromalin… Je visitais des imprimeurs. Un autre stage obligatoire m’avait permis d’accompagner quelques semaines un graphiste un charge d’un gros mailing (pour MSF) et d’observer toute la chaîne. J’avais aussi été stagiaire en PLV plus tôt… Une collection de petites expériences comme un socle à compléter ; ma représentation était encore très segmentée.

C’est à cette époque que je découvris, par la force des choses – et très bien entouré à Montreuil notamment – la lettre. Ces petits signes plus ou moins intelligibles dont, il faut bien l’avouer, je me fichais éperdument quand j’étais étudiant. J’ouvris alors ma bibliothèque à quelques premiers ouvrages consacrés au design graphique et à la typographie. Ce n’était pas encore l’obsession qu’il est devenu, mais ce nouvel intérêt me suivit dès lors et – à mon corps défendant – orientait parfois mes goûts, mon regard au sein de la production d’arts appliqués. Je reste généraliste malgré tout. Et avec force.

C’était sans compter sur l’ouverture, quelques années plus tard, du BTS Design Graphique à Montereau, où je m’épanouis depuis 2004. Evidemment, cette nouvelle aventure devait précipiter encore mes penchants pour les arts graphiques en général – le contact des industries graphiques représentées au lycée André-Malraux y participant aussi.

Les évolutions les plus récentes de ma douce pathologie m’ont fait l’animateur d’une formation dédiée à l’enseignement de la typographie – que je continue de découvrir – à l’intention des collègues d’arts appliqués. Enfin, la calligraphie sera sous peu au programme d’une nouvelle action de formation que j’aurai le plaisir de piloter…

 
Tout ça pour dire…

…qu’à l’image des arts appliqués, que j’ai embrassé pour leur transversalité, les chemins sont multiples et – comme se plait à le dire une amie irlandaise de ma femme dont l’enthousiasme et l’optimisme caractéristiques la distinguent honorablement d’autres prétendants au label « britannique » – la vie est faite de rencontres. Des rencontres parfois au hasard, souvent heureuses, toujours enrichissantes. Ces rencontres se provoquent. Je pense à celles que mon intérêt ou simplement mon exercice ont entrainées plus ou moins directement. C’est une invitation par un ancien élève devenu designer à une session de co-création pour le lancement d’une jeune fonderie numérique, la présentation de son métier par un retraité de l’imprimerie qui conserve une belle composeuse Intertype et quelques magnifiques tambours à filigranes dans une ancienne gare de la vallée du Grand Morin, un animateur de Musée à Nantes, ancien flasheur, qui me donnait en douce une ligne de Ludlow fraichement fondue, un autre amateur ici, un jeune professionnel par là…

Une rencontre déterminante, parmi d’autres, est sans doute celle de Frédéric Tachot – à qui le numéro d’avril 2014 de la revue Graphê offre quelques pages. C’était il y a un an ou deux. Une visite de stage me trainait tout près d’Orléans alors je m’y attardais pour découvrir le local de l’association Format Typographique. Là, en attendant que le plomb fonde dans son creuset, le gardien d’un précieux patrimoine – et qui le transmet aussi aux enfants d’à côté – me livrait les secrets du code des bandelettes de la Monotype. Le plomb à température, il en versa un trait dans un moule à main pour m’offrir un vrai bout de typo. Depuis, je collectionne ces petits trésors que je glane ici et là. Des matériels et des images qui m’apprennent un peu plus chaque fois les mystères du black art.


Un authentique morceau de typo et plus que ça une émotion que de voir cette petite chose sortir du moule à arçon; on comprend alors ce que de belles gravures ne pouvaient pas tout à fait expliquer. Dans le même sens, c'est un support de démonstration autrement plus parlant que les meilleurs illustrations pour introduire l'histoire de l'imprimerie.
Le moule n'était pas encore assez chaud pour que le mélange imprègne bien tous les creux de la matrice. Aussi les empattements de ce Gros-canon (je crois) ne sont pas bien dessinés. Il faut compter 2 bonnes heures pour porter le cocktail de plomb, étain et antimoine à température; et pendant ce temps là, on écoute les récits passionnants du maître des lieux...  
 

Ce sont ces découvertes, ces curiosités, ces plaisirs que je veux partager dans le blog. Comme un passeur, je les transmettrai à mon tour et d’autres pensées liées aux arts et au design graphiques pourront les relayer aussi.

Si tous les lecteurs sont les bienvenus, j’aimerais m’adresser tout particulièrement à mes collègues, mes camarades et mes étudiants. Puissent ces approches être prises comme des attitudes, des postures de recherches pour la pratique de l’enseignement et/ou de l’apprentissage – ces deux là sont intimement liés, évidemment. Je suis un généraliste – et le resterai – autodidacte dans la spécialité qui prendra le plus de parts dans ce blog. Aussi, je voudrais communiquer ces dispositions volontaires qui permettent de se cultiver. Des méthodes, peut-être, pour nourrir la curiosité, comprendre, connaitre. Ces méthodes relativement amateurs au regard de ce que je ne suis pas un universitaire et assurément novice comme chercheur. J’espère simplement provoquer le goût pour regarder, fouiller, s’interroger sur des grandes questions comme sur des petits phénomènes graphiques. Un effort consenti pour mieux jouir des formes et des techniques qui sont nos supports, nos références. Alors, puissiez-vous, à la découverte des récits à venir, goûter ce même plaisir d’apprendre !

 

En vous souhaitant bonne lecture !


 

2 commentaires:

  1. Votre parcours et votre goût pour la curiosité sont admirables. Grande admiratrice des lettres et des arts, ma curiosité m'a mené jusqu'à votre blog et j'eus du plaisir à le lire et le parcourir.

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    1. Un grand merci pour ces encouragements! Votre enthousiasme pour ces modestes émissions participe du plaisir de publier mes humeurs et découvertes. Aussi j'espère continuer de nourrir notre curiosité partagée!

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