Je pourrais regretter la Roulotte (*) aujourd’hui
remisée au fond de la salle comme je serais nostalgique déjà de nos premiers
moments de typo au lycée ; leur fraicheur déjà dispersée… Mais non ! Je suis encore plus excité
maintenant que nous avons monté l’atelier. De nomades précaires, nous nous
sommes sédentarisés. Aussi, une nouvelle ère pleine de promesses et de progrès
est en marche. Quel plaisir !
[Pour info, Blogger a complètement craqué au moment de composer ce post; aussi, au bord de la crise de nerf, j'ai abandonné quelques justifications et autres interlignages au sort... capricieux.]
Le fameux texte de Beatrice Warde sur le sanctuaire du
savoir (c’est ça le lycée, non ?) Une première performance collective ; deux
passages (le noir puis le rouge) et déjà un beau challenge en matière de
repérage. Pour l’instant, on n’a qu’un seul châssis de récupération qui vient d’une
vieille platine. Aussi, il a fallu déposer la première forme pour composer la
seconde. La méthode, de « substitution », a consisté en la dépose et
le remplacement immédiat des premières formes par les suivantes dans les blancs
laissés par le premier passage. Un exercice de style très classique pour
appréhender notre matériel ; avec le temps, on se lancera dans des
manipulations plus expérimentales, vers des créations plus audacieuses…
Alors voilà, le lycée s’est doté d’un outil formidable.
Il faut encore peaufiner la déco ; nous n’y avons pas encore pris toutes
nos marques mais déjà on a étrenné nos nouveaux jouets. Je ne le sais que trop
pour construire en même temps ma propre imprimerie, la découverte du matériel
prend un long moment, initiatique et plein de surprises, quand bien même on a
rédigé la commande ! Car nous avons commencé notre prospect la saison
passée en fin d’année scolaire en allant à la rencontre d’un partenaire de
choix en la personne de Jacques Chaillou que je salue bien comme les camarades
de Format Typo où nous nous sommes rencontrés. Auprès de lui, et avec son bon
conseil, nous avons projeté un modèle complet pour implanter l’impression typo
dans nos murs. Pendant l’été, avec lui et avec mon DDFPT (un acronyme récent
qui causera aux serviteurs de l’école de la République et qui lui permettra de
se reconnaitre) j’ai affiné la commande en recensant les disponibilités de ces vieux équipements
et nous avons pu constituer notre « panier ». Le cœur d’activité de
Jacques Chaillou est le
reconditionnement des machines d’imprimerie. Mais il participe aussi de la
préservation des vieux matériels de l’ère du plomb. Une partie de ceux-ci
assureront dorénavant le relais de cette chère discipline avec les élèves et
étudiants du lycée André-Malraux.
Au placard la Roulotte ! Pas tout à fait. Elle
intègre – on l’aperçoit au fond à droite –, en pionnière émérite, ces nouveaux
équipements qui sont pourtant bien plus âgés qu’elle !
Les vedettes sont les deux presses à épreuves qu’on a choisi pour leur facilité d’usage et parce qu’elles sont, toutes deux, munies de pinces. La plus grosse, au premier plan, était aussi dotée d’une table de distribution ; assez peu pratique à mon goût, je l’ai débarrassée. L’autre, plus petite, orange, est estampillée ‘CEL’ ! Comme je suis heureux qu’elle retourne à l’école après avoir servi auprès de petits imprimeurs en herbe éveillés aux méthodes Freinet.
Les vedettes sont les deux presses à épreuves qu’on a choisi pour leur facilité d’usage et parce qu’elles sont, toutes deux, munies de pinces. La plus grosse, au premier plan, était aussi dotée d’une table de distribution ; assez peu pratique à mon goût, je l’ai débarrassée. L’autre, plus petite, orange, est estampillée ‘CEL’ ! Comme je suis heureux qu’elle retourne à l’école après avoir servi auprès de petits imprimeurs en herbe éveillés aux méthodes Freinet.
Le
plus rigolo dans la préparation de la commande c’était le lingotier – et
surtout l’interlignier ! Toutes ces petites lames de tailles et
d’épaisseurs variables qui servent à justifier et habiller la composition
typographique étaient pour grande part en vrac dans un lot qu’avait isolé notre
partenaire dans sa collection. Il s’est agit de les trier, d’en isoler des
assortiments (plus ou moins) complets pour se donner la capacité à composer
dans toutes les dimensions du document. Une fois les lots constitués – j’y ai
passé quelques heures !!! – restait à les ranger dans le meuble ; un
travail de fourmi …
Côté
plomb, j’ai retenu deux ensembles majoritaires : du Times et de
l’Univers ; chacun décliné dans différentes graisses et forces de
caractères pour permettre une variété de création. Quelques filets et de jolies
vignettes sont aussi au catalogue. On a encore à découvrir ces différentes formes
-- les ranger aussi -- pour sonder un peu mieux les possibles en termes de
composition.
Je le disais,
nous n’avons pas encore établi tous les dispositifs pour profiter de ce nouveau
plateau ; il y a encore beaucoup de choses à imaginer. Outre le cadre
logistique et des services à résoudre à tel endroit, des questions telles la
place de l’impression typo dans la formation des étudiants en design graphique,
la relation avec tous les publics d’arts appliqués comme d’industrie graphique
se posent tant l’atelier typo est une « case nouvelle » dans notre
offre d’activités pédagogiques. Car nous intégrons ce déploiement comme un
outil pour la classe et – surtout – de projet qui favorisera, je le crois,
l’interdisciplinarité et ce que j’appelle « le rapprochement des
peuples » au sein de cette vaste
diversité qu’est notre grande communauté scolaire. On aspire à aller au-delà de
la sensibilisation et de l’initiation que je proposais jusqu’alors avec la
Roulotte (voir articles précédents).
Certains
collègues ont déjà des idées. On va prendre le temps de se trouver là-dessus
pour monter des plans aussi sympathiques que profitables. Déjà, avec certains
camarades, on a échangé et j’ai pu rencontrer des groupes d’autres disciplines
qui ont découvert l’installation et ont pu jouir d’une présentation de l’art
typographique, voire imprimer eux-mêmes. Ce sont de premières
« sorties ». Elles préfigurent de futurs workshop plus organisés et
ambitieux [On fera ça Christophe ;) ] Cette semaine, j’ai passé un bon
moment avec des élèves de seconde Industrie Graphique qui ont encaissé deux
heures de présentation – ‘faut se le fader le prof de typo barbu lâché sur son
domaine !!! – sans broncher et en adhérant même, et ce, sur un terrain
commun. Eux, les « mouilleurs d’encre », sensibles au phénomène de
pression d’un cylindre sur une forme imprimante ont été un super public,
particulièrement enthousiaste. En voilà une belle rencontre ! Et pour moi
qui poursuis mon apprentissage auprès des imprimeurs ! De quoi consommer
déjà notre nouvelle option.
Un petit bout d'essai
avec les 2de IG. C'est juste pour y goûter mais la
rencontre est consommée!
Je me félicite
aussi – y’a pas de mal à se faire du bien ! – de ce que certaines
étudiantes de BTS DG commencent à utiliser l’atelier individuellement, pour tel
projet personnel où elles choisissent ce média, dorénavant en concurrence, ou
complément des autres. Notre mini LEG (si, si !) commence à faire partie,
pour l’étudiant, de sa boîte à outil. Les laisser progressivement en autonomie
dans cet espace qui n’est pas, ou plus, une salle de classe, est une vraie
satisfaction. Cela se fait sur les bases
d’une relation de confiance et par l’observance des règles de l’atelier ;
le respect des matériels comme du rangement de l’outil partagé.
Là, une étudiante a investi le moyen de
l'impression typo pour répondre à un travail de pratiques plastiques en
complément d'autres expressions. L'outil est dorénavant de leur trousseau; ils
peuvent l'investir quand ils jugent le medium adéquat.
Il en reste des choses à vivre ; ce n’est qu’un
début. On doit encore inventer le cadre de ces animations. Mais déjà les élèves
et enseignants peuvent investir ce plateau technique. Il va consolider encore
une relation qui m’est chère entre les arts appliqués et l’imprimerie ;
deux départements qui partagent, non seulement des domaines d’applications mais
encore une histoire commune des arts et techniques.
Bon, ça c'est le prof qui s'est amusé...
Il faut bien essayer le matériel pédagogique avant de concevoir le dispositif,
non? Et puis c'est du Garamond; il fallait que je pose quelque chose.

Une proposition plus empreinte des
qualités de design graphique des étudiants pour ce prototype de carte de vœux.
Les filets et autres vignettes de décors offrent déjà une belle palette de
possibles et autant de scénarii créatifs autour du texte et des mots.
*
Qu’ils me
lisent ou pas, que tous les collaborateurs au lycée qui ont rendu possible
cette entreprise soient assurés de mon infinie gratitude. Aller, une carte
imprimée gratuite pour tous les souscripteurs sur présentation de l’adresse du
blog !!!
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