Avertissement.

Chers lecteurs, parfois les textes se jouent des ordres que je voudrais pourtant leur donner et s'affichent dans des tailles variables, à leur gré. Je ne prétendrais pas exceller dans le print mais c'est moins catastrophique que dans le numérique!!!

jeudi 4 août 2016

SHOW MY CARD ! Ma nouvelle presse à l'épreuve...


 
Voilà deux ans que je tentais en vain de débusquer une presse à épreuve de table, réputée être l’équipement le plus facile pour rentrer en création typographique. Mon parc s’étoffait pourtant – je vous ai présenté déjà mes machines encore en restauration pour certaines… – mais à part une ou deux occasions ratées, pas de presse de ce type dans mon inventaire, ni même sur le marché…
 




Alors la voici, enfin ! Elle est arrivée en juin et a déjà bien roulé. C’est, je le confirme, mon jouet le plus accessible et, pour l’instant, en attendant la mise en service de mes platines à pédale et à bras, le plus performant. Jusqu’alors, je pressais avec du matériel Freinet ou en détournant l’usage d’une presse de notaire. Je m’essayais même sur des prototypes maison, que j’espère d’ailleurs développer encore. Après une première phase d’apprentissage ponctuées de menues réussites mais surtout de grosses (mais joyeuses) galères, c’est finger in ze nose avec ma nouvelle Showcard !!! Cette superbe machine réduit la part des épreuves foireuses à une proportion ridiculement anecdotique. Bref, elle est géniale !
 
 
Ce dessin, qui pourtant n’est pas de ma main, j’en rêvais ! On doit ce vif coup de crayon à Mathias Martin, un illustrateur et bloggeur qui m’est franchement sympathique. Il célébrait sa presse en juillet 2013, une Vandercook 0, avec cet autoportrait éloquent (lien). J’attendais moi aussi « mon moment », mais je ne saurais en témoigner avec la même expression !   



On la présente parfois comme la Showcard 8*12. Il est pourtant fait mention au catalogue du modèle 7*11 – en pouces, vous l’aurez compris. 8x12, 7x11 ? Malgré toutes mes tentatives de relever les mesures données par conversions, je ne parviens pas à retrouver les dimensions idoines…
 

Le terme « showcard » est employé aussi de manière générique pour distinguer ces « job printing presses », des presses pour la carterie, essentiellement, et autres travaux de ville nécessaire aux artisans et commerçants…

Apparues dans les années 40 à Chicago, Illinois, les Showcards de la société éponyme furent les principales rivales des Vandercook sur le segment des presses « commerciales ». Car, si on les associe aux presses à épreuves ou « de relecture », de ces plus grosses machines, présentant parfois un groupe cylindre motorisé comprenant un encrage automatique et intégrées à un meuble-table, ces petites répliques étaient, originellement, destinées aux artisans et commerçants désireux de traiter eux-mêmes leurs travaux quotidiens de promotions et « signage ». On devait donc les trouver chez le fleuriste, le quincailler pour presser au jour le jour telle offre sur tel produit. On les trouvait encore auprès de foyers associatifs. C’est le cas de ma Showcard qui, dans sa première carrière, tiraient des tracts syndicaux dans le Val-de-Marne. En fait, on pouvait en trouver partout sauf, a priori, chez l’imprimeur ! Aussi, ces machines étaient réputées – et pour cause – d’un usage facile, sans entretien et très robuste. Elles ne nécessitaient pas de formation de typo mais étaient des outils d’amateur. Ça tombe bien, j’en suis !
 

 
La fameuse Vandercook 0 dans une étonnante version carénée comme la Showcard, avec son appendice d’encrage. On connait mieux la première rouleau apparent avec un manche au dessus pour tirer le charriot de pression. D’autres modèles présentent des raidisseurs de part et d’autres du rouleau et qui assurent la rigidité attendue du bloc. (Image : Letterpress commons, un site qui offre des ressources et une collection de matos assez complète fondée essentiellement sur le patrimoine américain.)
 

 
 
En Europe, ces presses furent distribuées sous la marque SOFADI. Ce sont exactement les mêmes machines, sous une autre licence.
 

La première marque vient d’une photo postée en 2010 par Donna de la Steal, bloggeuse britannique qui fit l’acquisition alors d’une showcard pour tirer de belles épreuves dans la langue de molière depuis Brighton et parceque, disait-elle, la presse était française ! (voir http://minxdelasteal.blogspot.fr/ )
Ma plaque (à droite) indique une autre adresse. Le siège était alors à Paris. Avant, après ? Ça ne nous avance pas… La marque SOFADI a été déposée et enregistrée de nombreuses fois et dans différents registres de commerce. Cependant, l’enseigne demeure à Montreuil, à l’adresse indiquée. Il semblerait même qu’un imprimeur y ait élu domicile à la suite de la disparition de notre fabricant…
 

 

 
Les caractères fournis (ci-dessous, de l'Antique Olive corps 46, adapté par SOFADI pour le marché français) étaient conçus pour être composés à cheval sur des tiges transversales, lesquelles se calaient dans les crémaillères qui entourent le lit de la presse. Les plombs sont fendus à leur pied pour se ficher sur les dites glissières. Néanmoins, ils sont fondus à la hauteur typo et peuvent être investis en dehors du dispositif initial. De petits serrages faits d’un mini piston à ressort venaient coincer la ligne sur la tige, elle-même crantées. Malheureusement, ces petits accessoires ont disparu du lot que j’ai acquis. Mais je peux serrer ma compo dans un châssis ou à même le lit de la presse avec des serrages typo classiques.
 
 
 
 
La presse présente aussi une plaque d’acier quadrillées amovible sur son lit qui vaut en épaisseur celle d’un plateau  (injustement appelé « galée »). Il faut, en fonction de la nature du papier mais aussi en fonction de la forme imprimante (plomb, bois, cliché, lino) miser en dessous pour parfaire la hauteur. On peut encore enlever cette tablette pour poser directement un plateau sous le rouleau, c’est bien pratique pour presser un truc puis débarrasser l’espace de travail aussitôt ! On peut enfin substituer au plateau un(e) « boxcar » pour plaquer directement des clichés polymères ; mais moi, je ne donne pas là-dedans. Moi & mes types, on grave à l’ancienne, oui môssieur !


 




J’ai trouvé la plupart des images qui illustrent cet article au catalogue du fabriquant de juin 1984. Ce lien nourrissait un fil du forum Briarpress, où un participant se renseignait sur le prix d’une showcard il y deux ou trois ans aux Etats-Unis. Les autres (parmi lesquels Rick von Holdt dont ce fut la première presse !) de lui répondre que la petite machine s’échangeait pour 150$ et, manifestement, se présentait assez fréquemment à la vente. Quand on sait la difficulté à dénicher ce genre d’équipement chez nous !!! Non pas par excès de pudeur, mais quand même, je ne vous dirais pas que je l’ai payée presque 4 fois plus cher (taux de change compris), ce qui n’est pas scandaleux au regard d’un marché qui confine au néant. Et puis le meuble et ses polices faisaient partie du lot auquel le vendeur avait associé un coffret Tiflex quasi neuf… Dans le même temps, un ami a trouvé la sienne à Paris pour moins cher, ce qui est exceptionnel ! C’est une presse légèrement plus grande distribuée en son temps par Deberny & Peignot à la conception plus inspirée de la fameuse Vandercook 0. Malheureusement, la sienne, qui se prénomme Hélène – moi, j’appelle mes machine par leur nom d’usine, voire par tous les noms !!! mais c’est un usage que de donner un nom de fille à sa presse – ne possède pas de pince pour marger le document. Ce gadget s’avère indispensable au moment de repérer pour un deuxième passage, par exemple, ou tout simplement pour la dépose de la feuille, exercice au combien périlleux ! Ceci étant, mon camarade – que je salue bien – a bricolé un système ingénieux avec des trombones plats pour palier le manque. On peut aussi, mais c’est encore une autre affaire, y greffer d’autres équipements ; Frédéric Tachot a ainsi transformé des pièces piquées sur une OFMI – je crois – pour créer la pince sur ses petites presses de relectures D&P. À voir chez les amis de Format Typographique à Saran…


 
 
Déjà quelques petits travaux envoyés sur mon dernier jouet. Un beau cliché d’un atelier venu d’Angleterre et cette maxime tellement juste : on n’a rien sans rien ! C’était l’occasion de composer avec des filets récemment acquis (le phylactère…) Et ben c’est pas commode à justifier quand on veut y adjoindre des arrondis dont le corps ne correspond pas ! Puis, ces derniers jours l’imprimerie a chauffé jusque très tard – et toute la famille s’y est mis ! – pour un de mes premiers « gros boulots ». Comme un cher ami m’a fait l’honneur de me demander pour témoin, il ne fallait pas se rater sur le faire-part de mariage ! Thème art déco ; c’est la commande. Là, il y a gravure relief et typo. Et surtout trois passages (sur la carte aux portraits) rendus possible grâce à la pince de la presse. On s’éclate !!!
 
 


Ça, c’était ma toute première impression. Un seul passage, à base de bois, plomb (Cheltenham gras et éclairé) et cliché. Et un peu de hip hop aussi…


 
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Au chapitre des équipements pour l’imprimerie commerciale, la marque Tiflex déjà évoquée dans le blog et qui, d’ailleurs, proposait jusque dans les années 70 (peut-être 80 ?) une petite presse à épreuve dans le même genre. Cette dernière, d’une dimension approchante, était munie d’une manivelle sur son flanc pour entrainer le rouleau. Pas de poignée au charriot, donc, et surtout l’obligation de la poser en bord de table comme la plupart des presses taille-douce… Cette petite machine, déclinée en deux tailles, était beaucoup plus légère ce qui n'est pas un gage de qualité en la matière – ma Showcard pèse le poids d'un cheval mort!!! Le document indique 1096 (francs) HT, au milieu des années 70. Quelques années plus tard, la Showcard 7*11 avec son généreux kit d'équipement coûtait 780$, outre Atlantique, évidemment... 
 

Ici, c’est une petite imprimerie de poche, qui contient un composteur et des types en caoutchouc à utiliser comme un tampon. Les petites lettres molles ont un profil adapté pour s’engager dans la glissière de l’outil. C’est fait pour un usage d’appoint dans les contextes évoqués au dessus. Je m'en servirai peut-être pour apprécier des copies à la rentrée!
 

 
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6 commentaires:

  1. La belle Hélène est une presse Deberny et Peignot qui commercialisait en France les presses à épreuves Vandercook. Selon le vocable de la fonderie Parisienne il s'agit d'une presse simple type 1 de format A (impression de format 33x45 cm). Il semble cependant que Deberny et Peignot ait commercialisé au moins deux séries différentes de ce format, une première basé sur le modèle 0 de chez Vandercook et au moins une deuxième série à laquelle s'apparente plutôt Hélène, basé sur le modèle Vandercook 099 qui se distingue par un renfort des montants passant sous le marbre. Paul Moxon, spécialiste américain des presses Vandercook retrace les modèles de la firme ici:Vandercook Timeline - Vanderblog.
    Selon une brochure Deberny et Peignot disponible en pdf sur le site communautaire drukwerkindemarge.org, « un appareil pour le repérage de la position papier peut être fourni pour les machines des trois formats », celui n'étant donc selon toute vraisemblance pas nécessairement livré de série pour ces presses avant tout destinés à l'impression d'épreuve directement positionné dans un plateau.
    Un salut du camarade.

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    1. Je possède une sofadi showcard. Mes parents étaient commerçants et ils imprimaient leurs affichettes. J'aimerais en faire profiter un passionné, mais je ne sais où publier une annonce.

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    2. Bonjour Al, je discuterais volontiers de cette petite presse avec toi. Je t'invite à poursuive via mon mail ou sur IG @typo_poil ; je déserte ce blog depuis un bon moment... N'hésite pas ;-)

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  2. Merci pour cette contribution éclairée et éclairante! A très vite pour échanger nos dernières impressions! Bien à toi.

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  3. Le bus Vandercook fait rêver!!! J'évoquais dans un post dédié à la Roulotte la "Draw Draw mobile"; cette dernière, si charmante soit-elle ne tiendrait pas les highways de la typo comme ce van à toutes épreuves!

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  4. Je m'étais fait peu ou prou la même réflexion me demandant ce qu'était devenu le Van des commerciaux italiens. Mais la "Draw Draw mobile" à un charme inégalable de même que "le velinomade" de Nicolas et Valentin, deux anciens étudiants. Atelier Tout seul et plus sur le Facebook.

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