Avertissement.

Chers lecteurs, parfois les textes se jouent des ordres que je voudrais pourtant leur donner et s'affichent dans des tailles variables, à leur gré. Je ne prétendrais pas exceller dans le print mais c'est moins catastrophique que dans le numérique!!!

vendredi 10 juin 2016

Puces typo gourmandes



 
Cette année, aux Puces typo, à Bagnolet, je n’ai pas acheté de bouquin mais que des trucs qui se mangent – et puis une ou deux bricoles pour mon imprimerie, pour compléter mes outils. Surtout, j’y ai rencontré, outre des passionnés, de jeunes créateurs et leurs démarches. C’est que ce rendez-vous est avant tout un moment d’échange et de partage. Alors, ici, je voudrais m’attarder sur quelques pistes comestibles que j’ai partagées, à mon retour, au goûter !
 



N’imaginez pas que, par désespoir au regard des piteuses statistiques de lecture de mon blog, je me tourne vers des sujets autrement plus alléchants que les seules entrées sur les arts typographiques. Mais, il faut bien admettre que le chocolat est un élément à part entière dans ce journal, juste derrière le plomb…


 
Et quel chocolat !!! Du suisse – et du bon, oserais-je ajouter, mais c’est un peu vachard. ‘Faut dire que c’est pas du Milka, et on est dans une autre catégorie que celle des produits, pourtant fort respectables, de Lindt & Sprüngli.
 

En fait, ce n’est pas que du chocolat. C’est de la typo aussi. Avec un peu de design graphique autour. Cette proposition de la fonderie Swiss Typefaces est un bel exemple de promo événementielle et une idée très sympathique pour « emballer » le produit typographique. En fait, en achetant une tablette de cet excellent chocolat – conçu en collaboration avec un confiseur genevois –, on achète aussi une police du studio. Mieux encore, les facétieux helvètes ont glissé un ticket d’or, à la Willy Wonka, dans l’une des tablettes. L’heureux élu gagnera la totalité de leur catalogue, soient 6 familles largement déclinées et quelques formes supplémentaires. J’ai pas eu le ticket… Mais peu importe, je me suis régalé comme Charlie !

 

 
SWTY ?
 


 
Les trois principaux acteurs de la fonderie sont passés par Lausane (l’ECAL) avant de compléter leurs expériences sous différentes latitudes. Maxime Büchi, créateur de Sang Bleu, s’est distingué dans le tatouage auprès de Filip Leu, un des plus grands maîtres du genre. Son parcours est assez « libre », alternatif dira-t-on, quand son camarade (de promo ?), Ian Party est un pur designer de caractère. Emmanuel Rey, plus jeune, et qui partage sa vie entre la Suisse et Berlin, est, lui aussi, graphiste et plus particulièrement designer typo. Le projet Swiss Typefaces voit le jour à partir de 2006. Leur production assez contenue en volume n’en est pas moins très exigeante. Toutes audacieuses, voire irrévérencieuses, que semblent être leurs créations, elles sont pourtant inscrites dans un questionnement permanent avec l’héritage typographique classique français notamment. Mais d’autres contre-cultures, qu’elles ressortent des champs du tatouage, du hip-hop ou du skate, passent les canons du genre au blender tant les animateurs de SWTY se préservent de dessiner servilement des re-créations ou des réinterprétations trop distanciées ; c’est ce qu’ils me confiaient l’autre jour. On s’entendait alors sur une certaine tendance ronronnante de l’offre typo ; je n’ouvre plus les newsletters de myfonts qui fournissent mes mails toujours plus fades ou policées, dans le meilleur des cas…
 
 
Bon, je n’ai pas choisi ici la proposition la plus rock’n’roll ! En fait, le bon d’achat de 25 francs suisses permet d’acquérir l’une des cinq fontes du Lab, sorte d’offre d’appel, vitrine aussi des tendances de l’enseigne. On y trouve quelques versions alternatives de titres plus développés de leur catalogue. Pour l’occasion, j’ai mis dans mon panier la typo de l’emballage de ma tablette de chocolat – on pouvait, avec le code promo, choisir n’importe quel produit, indépendamment de la tablette choisie. Et, pour le coup, elle est bien suissesse celle-là ! En termes d’ADN, on pourrait même lui trouver quelques brins allemands. Je n’ai pu m’empêcher de comparer le Capital de Swiss Typefaces à l’Avenir du regretté Adrian Frutiger. En effet, on est là sur un exercice qui hybride les grotesks primitives avec les modèles géométriques des années 30 (enfin, 1927, devrais-je dire…) Mais la comparaison tourne court et il vaut mieux s’en tenir à l’esprit alterno pour apprécier, comme il le mérite, le Capital. Plus tranché que l’autre illustre référence, Capital n’a pas la finesse – l’humanisme, même – de l’Avenir, pure merveille à mon goût. Néanmoins, c’est une forme fraiche mais solide, assez puissante, et qui constitue une option opportune pour le registre d’usage. De toute façon, il n’y a absolument pas lieu de les rapprocher, ce n’était certainement pas le dessein des créateurs.
 

 


 
En face des designers suisses, se trouvait une autre créatrice qui, elle aussi, m’a séduit avec ses expériences comestibles. Et là, ce n’est pas un coup de pub mais un vrai travail aux confins du graphisme et du design culinaire. Pourtant, Émilie-Laura Accipe, toute plasticienne qu’elle apparait, tient au domaine d’exploitation du graphisme. Cette jeune créatrice titulaire d’un DNSEP option DG ne le tient pas de Reims. Ses travaux portent bien sur la chose « imprimée » ; mais à l’encre et au papier se substituent différentes préparations – et très secrètes ! – de son atelier-cuisine.
 
 



Des Éditions au poêle, je ne vous montre que cette carte à manger en pâte d’amande sérigraphiée. C’est pour vous inviter à aller sur son site et y découvrir, par exemple, les origamis à manger. Cette dernière proposition se présentait – aux Puces Typo – comme un pli élégant contenant différentes feuilles toutes comestibles et aux textures variées ; une œuvre à déguster pour le plaisir de tous les sens ! Enfin, et ce doit être vraiment chouette, Émilie-Laura Accipe anime différents ateliers où elle partage ses expériences avec des publics de tous âges. Miam miam !
 

*

Épilogue
 
Non, cette fin n’est pas tragique ! Mais de ces productions il ne reste rien. Voilà le goûter du dimanche, en famille. Autour d’une petite salade de fruit, on a tout boulotté le chocolat et la pâte d’amande. Comme une moralité peut-être à ne pas sacraliser les productions d’art mais plutôt en jouir pour ce qu’elles offrent. Tout est là.   Burp !
 
 

Sur un pralin de pistaches torréfiées, une ganache cerise enrobée de chocolat noir à 70%. Mmmhh…
 

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