Avertissement.

Chers lecteurs, parfois les textes se jouent des ordres que je voudrais pourtant leur donner et s'affichent dans des tailles variables, à leur gré. Je ne prétendrais pas exceller dans le print mais c'est moins catastrophique que dans le numérique!!!

mardi 25 août 2015

par Gryphe, de Tournes et Dolet!


 

L'entrée sur la très belle cour Maurice Scève qui finit en traboule sur un bouchon. Charmant.

Si j’abuse copieusement et très régulièrement des bases du Corpus typographique français et d’Ex-machina pour mes recherches et mes loisirs créatifs, je ne m’étais pas encore rendu au siège des ses précieuses archives en la capitale des Gaules.
Aussi, ces vacances m’auront permis de séjourner quelques temps entre Isère et Rhône pour visiter, notamment, le Musée de l’imprimerie et de la communication graphique de Lyon.


 


Les bases ressources de Lyon sont le produit d'un vaste programme de numérisation entamé il y a déjà quelques années. Elles véhiculent aussi la nouvelle image du musée. Consulter depuis ce lien et puis celui-ci. 



Alors, tout accaparé par la découverte de l’exposition, je n’ai pas pris toutes les photos pour illustrer complètement mon post et n’ai glané que quelques cartels à toutes fins utiles, mais je dois partager quand même le plaisir de cette découverte pour moi qui n’en connaissais pas même l’ancienne présentation. Car il a fait peau neuve tout récemment, et si son écrin reste inchangé et tout aussi charmant, le « nouveau » musée arbore une nouvelle scénographie et une com’ toute neuve réalisée par un pro du coin en la personne de Damien Gautier, Bureau 205.
 

 
Des pièces remarquables, il y en a quantité. De ces documents que je montre à longueur d'années en diapo depuis des scans de ma bibliothèque. Mais les découvrir "en live", c'est encore autre chose. Au début du parcours, une page de la Bible à 42 lignes. C'est sans doute plus excitant encore quand le livre est entier, je suppose, mais je n'en avais jamais vu d'aussi près. Parmi les pièces qui m'ont le plus hérissé les poils, il y a la Bible polyglotte de Plantin, que je n'imaginais pas aussi grande. Un chef-d'œuvre et un tour de force dans une qualité d'impression absolument bluffant...   
 

 
À défaut de revenir avec suffisamment d’images – d’autant que je devrai y retourner pour compléter une visite forcément frustrante tant l’endroit est dense –, je peux m’appuyer sur la parution qui a célébré le cinquantenaire de la place : le Guide déraisonné qui compile des hommages et regards personnels, insolites, tendres et drôles des visiteurs les plus investis comme animateurs ou supporters de ce bel endroit. Ils y ont convoqué chacun un souvenir, un objet, une curiosité comme un témoignage particulier toujours passionné. Il y en a cinquante.
 
 
Passé une irritabilité permise pour les tics de mise en page, signature du studio 205 – qui peuvent aussi, dans la densité des blocs et la portion congrue des blancs tournants comme dans quelques asymétries post-postmodernes « stylées »  évoquer les présentations de B42 –, ce catalogue alternatif est un vrai bonheur dans ses contenus. N’en demeure pas moins que les titres en tête complètement éclatés dans leur grotesque à la mode sont aussi insupportables que les alinéas en milieu de justification…
 

Et c’est passionnant car ce sont autant d’entrées parfois dérobées et qui brassent tous les intitulés des plus artistiques aux plus techniciens ; des entrées qu’on ne trouve pas nécessairement dans une histoire du graphisme/de l’imprimerie ou dans un ouvrage spécifique forcément exclusif dans son champ d’investigation limitatif.

J’en ai retenu quelques unes : la déclaration d’amour de Charles Miège à sa belle américaine (sa linotype, confiée au musée) ; leur première rencontre, leurs premiers pas ensemble… La page suivante, d’autres premiers instants, ceux d’une typote – aujourd’hui responsable de l’atelier de typo du musée – qui se livre à un bel exercice de style autour du Saint-Jean. Une foule d’aveux passionnés, puis des insolites comme ce carton oublié par tel relieur dans un livre tombé dans la collection et qui offre un rare repentir de ce qu’on aurait jamais du voir. Ils sont nombreux ces insolites. L’un des plus émouvants est, pour moi, le petit plomb échappé dans une page pressée chez Robert Estienne en 1540. Le type desserré a sauté, s’est vu encré et imprimé couché par-dessus les autres debout révélant ainsi des données perdues pour toujours, cette matière ayant disparu quand restent parfois  – et seulement – quelques poinçons et matrices à travers les âges.
 
 

Quant aux signatures, le musée réunit des fidèles parmi les meilleurs promoteurs de l’art typographique. Après que l’héritier du fondateur Maurice Audin ait fait sa pige, se succèdent James Mosley, André Jammes, Jacques André, d’autres acteurs et enseignants (des plus jeunes) comme Alice Savoie, Thomas Huot-Marchand ou Damien Gautier, tout fier du joli caractère de texte retenu – on n’est jamais mieux servi que par soi-même – et qui revient sur ses premiers calques d’étudiant en DSAA typo… J’en passe.
 
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Un superbe endroit, certes. Mais – oui, il y a un mais –, ce formidable centre-ressources ne peut, en dehors d’animations exceptionnelles et très encadrées, rivaliser avec Nantes, côté présentation de l’imprimerie. Je dis bien présentation et pas représentation, car au musée de Nantes, dont le bâtiment est sans doute moins glamour, les machines tournent et leurs conducteurs offrent une autre approche, anti-muséale finalement, en faisant vivre le patrimoine qu’ils préservent.
 
 
Une ligne de Ludlow, produit de la démonstration permanente qui rythme les visites du musée de l'imprimerie de Nantes où tous les équipements sont en marche pour toucher de près les métiers de la typo...

En fin de compte, ces deux places se complètent et le sont encore par d’autres que j’ai déjà évoquées dans mes articles. Il n’y a pas de compétition et si j’ai une tendresse toute personnelle pour Nantes pour y avoir vu fonctionner des bécanes au plomb, les documents de Lyon m’ont ému et sont dorénavant une source que je ne manquerai pas d’exploiter et de louer généreusement.
 

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Au programme, pour la saison à venir, une expo dédiée à la presse "Scoop: une histoire graphique de la presse", pour octobre. Devrait suivre une célébration du travail de Charles Loupot. À suivre...
 
 
Enfin, pour en savoir plus sur le lifting du musée livré en décembre 2014, allez donc lire l’interview de Damien Gautier qui développe ses directions pour la nouvelle identité visuelle sur le site d’étapes :
Il y a une ou deux photos de celles que je n’ai pas prises à l’intérieur et les invariants qui habillent dorénavant la communication du lieu, notamment les filets alternés plein et triple qui coiffent le nom du musée, lui aussi redéfini à l’occasion.
 

 
 

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